Culture : Sur les pas de Benjamin de Tudèle, grand aventurier du XIIe s


Bien longtemps avant Marco Polo, Benjamin de Tudèle entreprend un incroyable périple qui le mènera aux confins du monde connu alors. Actuellement, les scientifiques du monde entier continuent toujours d’inspecter ses récits pour nourrir leur vision du Moyen Âge. Retour sur le périple d’un grand voyageur à découvrir et redécouvrir.

Un voyageur hors pair

Originaire de Tudela en Navarre, Benjamin de Tudèle a vu le jour aux alentours de 1130. Il a vécu la majeure partie de son enfance dans cette région, au nord de l’Espagne. À vrai dire, les historiens détiennent très peu de détails personnels sur cet illustre rabbin. La plupart des récits sur Benjamin relatent les péripéties de son voyage à travers le monde et sont avares d’informations sur sa vie privée. De ce fait, des avis partagés circulent sur ses anciennes occupations. En lisant ses indications, les spécialistes ont toutefois évoqué des théories selon lesquelles il était probablement un teinturier ou, peut-être, un marchand.

Intitulé « Sefer massa’ot », le rapport de son voyage a particulièrement intéressé les experts en géographie, géopolitique, commerce, histoire, religion et ethnographie. En 1543, Soncini a édité son livre pour la 1re fois à Constantinople. L’ouvrage, initialement écrit en hébreu, est bientôt traduit en langues européennes. Pour rappel, l’œuvre d’origine était plutôt désordonnée mais le trésor qu’elle renferme dans ses pages s’est avéré inestimable. Benjamin de Tudèle y a rassemblé des informations cruciales concernant les villes qu’il a visitées, avec une grande richesse : populations, coutumes, plats traditionnels, architecture et bâtiments, contextes politique et surtout religieux.

Parmi ses anecdotes, Benjamin a également mentionné son passage à Rome, en 1165, lorsque le pape Alexandre III a repris sa fonction après son exil. Il semblerait également que le grand aventurier soit le 1er écrivain européen à avoir introduit la Chine dans ses récits, grâce aux histoires rapportées par des juifs asiatiques. Il faudrait plus qu’un simple article pour retracer l’ensemble de son itinéraire et la pertinence de ses commentaires, mais voici quelques endroits qu’il a sillonnés : Saragosse, Cilicie, Antioche, Marseille, Grèce, Golfe persique, Italie, Espagne, Asie Mineure, Jérusalem, Bagdad, Égypte, etc. Par son grand périple, il a aidé les futures générations à se faire une idée plus précise des êtres humains, de leur culture et de leur vie au Moyen Âge, plus précisément au XIIe siècle.

Longtemps, la durée de son voyage a fait l’objet de controverse. Cependant, la période est finalement délimitée entre 1165 et 1173, l’année de sa disparition. Malgré son attachement à la communauté juive, Benjamin n’a pas entrepris sa quête dans le but de raviver la foi des brebis galeuses comme certains l’avaient quelquefois affirmé. En réalité, Benjamin de Tudèle était un juif ordinaire qui avait soif de connaissances et de découverte. Il semble qu’il a tout simplement voulu explorer le monde à la rencontre de ses voisins. D’ailleurs, ses récits présentent parfois quelques contradictions par rapport aux faits réels, mais rarement pour un chroniqueur du XIIe siècle.

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